Le Japon pose ses jalons pour la reconstruction de l’Ukraine

Alors que le Congrès américain se déchire sur un nouveau plan de soutien à l’Ukraine et que l’inquiétude plane sur l’appui occidental fourni à Kiev deux ans après le déclenchement de l’invasion russe, le Japon mobilise ses entreprises. Ses règles lui interdisent l’exportation de matériel de guerre létal, mais pas le soutien économique.

Cinquante-six documents ont été signés les 20 et 21 février, en marge de la Conférence de promotion de la croissance économique et de reconstruction de l’Ukraine, une réunion bilatérale organisée par Tokyo au siège du Keidanren, la puissante organisation patronale nippone. Les mesures annoncées incluent un assouplissement des visas pour les ressortissants ukrainiens, l’ouverture à Kiev d’une antenne de l’Organisation du commerce extérieur (JETRO) et une enveloppe de 15,8 milliards de yens (98 millions d’euros) pour l’aide au déminage et aux secteurs de l’énergie et des transports.

La reconstruction de l’Ukraine, estimée par la Banque mondiale à 452,8 milliards d’euros sur dix ans, attire. La contribution japonaise « n’est pas seulement un investissement pour l’avenir de l’Ukraine, mais aussi un investissement pour le Japon et le monde entier », a souligné le premier ministre, Fumio Kishida, qui s’exprimait devant un parterre de représentants des secteurs public et privé.

M. Kishida souhaite voir l’Ukraine « parvenir à un développement économique complet, du secteur primaire au secteur tertiaire, dans l’agriculture, l’industrie manufacturière ou encore les technologies de l’information ». « Nous voulons que vous soyez tous partie prenante du miracle économique ukrainien », a souligné son homologue ukrainien, Denys Chmyhal, qui était accompagné d’une centaine d’hommes d’affaires.

Nouvelles technologies

La rencontre a suscité une petite mobilisation de mouvements d’extrême gauche, comme le syndicat étudiant Zengakuren, fustigeant une « conférence pour la guerre ». Cette opposition n’a toutefois pas perturbé les débats qui confirment l’engagement du Japon à soutenir l’Ukraine depuis le début du conflit. Outre des sanctions contre la Russie, Tokyo a fourni du matériel militaire non létal, des casques, des gilets pare-balles et une centaine de véhicules. L’Archipel s’est ouvert aux réfugiés ukrainiens en assouplissant les règles du droit d’asile les concernant.

En mars 2023, M. Kishida a effectué une visite à Kiev. C’est là que l’idée d’une conférence de Tokyo serait née. Par la suite, le premier ministre japonais a accueilli M. Zelensky au sommet du G7 d’Hiroshima (sud-ouest), en mai 2023. En décembre, Tokyo a annoncé une nouvelle enveloppe pour l’Ukraine de 4,2 milliards d’euros, portant à 11,2 milliards d’euros les aides nippones depuis le début du conflit.

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Source : Le Monde.fr

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