Les deux élus, qui souffrent de lourds handicaps, ont participé, jeudi, à la première session extraordinaire organisée depuis les élections sénatoriales du 21 juillet.
C’est avec fébrilité et dans la précipitation que le Parlement japonais a mené des travaux et modifié ses règlements pour pouvoir accueillir deux élus affectés de lourds handicaps. Tout devait être prêt jeudi 1er août pour la première session extraordinaire organisée depuis les élections sénatoriales du 21 juillet, scrutin qui a vu la victoire de Yasuhiko Funago, souffrant de sclérose latérale amyotrophique (SLA), et d’Eiko Kimura, atteinte d’infirmité motrice cérébrale.
Marches supprimées, espace ménagé dans l’hémicycle pour accueillir les fauteuils motorisés et construction d’un plan incliné à l’entrée du bâtiment : les ouvriers se sont activés. Le secrétariat du Parlement a aussi adapté son règlement, qui oblige les élus à un certain temps de parole et interdit la présence d’aides ou d’assistants dans l’hémicycle.
Infirme depuis l’âge de 8 ans, Mme Kimura, 54 ans, a milité toute sa vie pour une société mieux adaptée aux personnes souffrant d’un handicap. M. Funago, 61 ans, travaillait pour une maison de commerce quand il a été atteint de SLA. Aujourd’hui vice-président d’une société proposant des soins à domicile, il souffre d’une paralysie quasi totale, a besoin d’une assistance respiratoire permanente et ne peut s’exprimer que par l’intermédiaire d’un appareillage spécial. Le jour de son élection, son aide-soignante a lu un communiqué dans lequel il disait « vouloir agir pour que les personnes souffrant de handicaps ne subissent pas » ce qu’il a vécu et favoriser « une réflexion sur les besoins réels des personnes affectées de handicaps ».
« Refléter la diversité »
Tous deux membres du parti Reiwa Shinsengumi, formation d’opposition créée en avril par Taro Yamamoto, acteur devenu homme politique, ils l’ont emporté à la proportionnelle. M. Yamamoto avait choisi de les placer aux deux premières places de sa liste. « Les décisions politiques ne seront plus prises uniquement par des personnes 100 % valides », s’est-il réjoui au lendemain de l’élection.
La représentation nationale nippone est apparue peu adaptée aux 8 % de la population qui souffrent d’un handicap
Le Parlement a été pris de court, même s’il a déjà accueilli un élu en fauteuil roulant. Eita Yashiro (né en 1937) y a siégé vingt-sept ans, de 1977 à 2004. Il a par ailleurs été ministre des postes. Certains travaux avaient été effectués pour faciliter ses déplacements, mais il devait être porté à certains endroits et son handicap n’était pas aussi lourd que ceux de Mme Kimura et de M. Funago.
De fait, la représentation nationale nippone est apparue étonnamment peu adaptée aux 8 % de la population qui souffrent d’un handicap. De quoi surprendre alors que le gouvernement se fait le chantre du barrier free, l’accessibilité facilitée des lieux publiques, dans le cadre des préparatifs des Jeux paralympiques de Tokyo de 2020. « Pour ce qui est de refléter la diversité dans les décisions prises, l’élection de Mme Kimura et de M. Funago est particulièrement significative, d’un point de vue pratique et symbolique, estime Sae Okura, politologue de l’université de Mie (centre). Jusque-là, personne n’imaginait que des personnes autant handicapées se lanceraient en politique. »
Source : Le Monde.fr
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