Le plus ancien parti du Japon a élu une femme à sa tête. Tomoko Tamura, 58 ans, jusqu’à présent vice-présidente du comité exécutif du Parti communiste japonais (PCJ) en est devenue la cheffe de file, lors du 29e congrès qui s’est tenu de lundi 15 à jeudi 18 janvier à Atami, ville balnéaire au sud-ouest de Tokyo. Ancienne dirigeante de la commission politique du comité central, elle représente cette nouvelle génération qui a toujours cherché à se tenir à l’écart des luttes de pouvoir.
Mais sa tâche sera ardue. Secoué par des dissensions internes, vieillissant, le PCJ est au creux de la vague. Le nombre de ses membres ne cesse de diminuer : de 360 000 en 1994, il est passé à 260 000 aujourd’hui. De même, les lecteurs de son organe, Shimbun Akahata (« drapeau rouge ») ne compte plus qu’un million d’abonnés, contre 3,5 millions dans les années 1980. Aux dernières élections locales, le PCJ a perdu 10 % de ses élus et a également régressé aux sénatoriales de juillet 2023 – même à Kyoto, son bastion. Avec ses 21 sièges au Parlement (49 en 2000), il ne représente que 7,25 % de l’électorat et paraît isolé dans l’opposition.
Agé de 102 ans, le PCJ n’a jamais changé de nom, comme l’ont fait nombre d’autres partis communistes après la chute de l’Union soviétique, en 1991. Fondé en juillet 1922, cinq ans après la révolution d’Octobre et un an après le Parti communiste chinois, il fut rapidement interdit et entra en clandestinité. Ses dirigeants historiques, qui luttèrent contre le régime militaire, furent arrêtés et passèrent près de trois décennies en prison ou en exil. Libérés par l’occupant américain au lendemain de la défaite de 1945, ils recréèrent le parti et optèrent pour une « transition dans la paix » vers le socialisme.
Age d’or dans les années 1970-1980
Puissant dans le monde syndical, influent parmi les intellectuels, le PCJ devient alors une force montante qui ne tarde pas à inquiéter l’occupant. En 1949, alors qu’en Chine les communistes s’apprêtent à prendre le pouvoir, commencent les « purges rouges » des membres et sympathisants des communistes dans les administrations. Sous la pression de Moscou, le PCJ passe alors à l’action violente. Décimé, il met des années à renaître à la fin des années 1950 sous la houlette de Kenji Miyamoto (1908-2007), qui opère une révolution idéologique comparable à celle du parti italien.
Le PCJ connaît son âge d’or dans les années 1970-1980 avec près de 10 % des suffrages, devenant la troisième force d’opposition. Il passe alors pour le parti communiste le plus prometteur et « le plus moderne » d’Asie, selon Lam Peng Er, politologue de l’Université nationale de Singapour.
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Source : Le Monde.fr
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