Entre l’enchaînement des scandales, les interrogations sur les Jeux olympiques et la politique discutée de prévention du Covid-19, le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, traverse une période délicate. Le chef du gouvernement est notamment embarrassé par un scandale impliquant son fils aîné, Seigo.
D’après les révélations de l’hebdomadaire Bunshun dans son édition du 4 février, quatre hauts fonctionnaires du ministère des communications, dont Yasuhiko Taniwaki, directeur adjoint des affaires générales et surtout ancien responsable de la cybersécurité au bureau du premier ministre, ont été invités à dîner à plusieurs reprises par Seigo Suga, qui travaille pour la société de diffusion par satellite Tohokushinsha, et d’autres dirigeants de cette société, dont le PDG, Kiyotaka Ninomiya. Ils auraient reçu des cadeaux.
Tohokushinsha, société créée en 1961 et initialement spécialisée dans le doublage, gère aujourd’hui sept canaux satellitaires, dont Star Channel et History Channel. L’entreprise ayant reçu des licences de diffusion du ministère des communications, les quatre fonctionnaires pourraient avoir enfreint la loi sur l’éthique du service public.
Interpellé au Parlement à ce sujet, le premier ministre a expliqué qu’il avait appelé son fils à coopérer à l’enquête. Il a néanmoins nié être au courant de ses activités. Le député du Parti démocrate constitutionnel (PDC, opposition), Hiroyuki Moriyama, a toutefois rappelé que Seigo Suga avait été assistant de son père en 2006 et 2007 lorsque celui-ci était ministre des communications. « Une personne sans expérience, âgée de 25 ans, ne devient pas par hasard assistant du ministre », a ironisé M. Moriyama, tandis que l’hebdomadaire Aera citait un fonctionnaire du ministère selon lequel « le fils de M. Suga reste bien connu au ministère. Il est entré en politique alors qu’il était musicien ». Par ailleurs, précise le journal, « Yoshihide Suga entretient toujours d’excellentes relations avec ce ministère ». Yasuhiko Taniwaki serait en charge de la politique de réduction des frais de téléphonie mobile, voulue par M. Suga.
Effritement de sa popularité
L’affaire suit les révélations selon lesquelles M. Suga a dîné à la mi-décembre 2020 dans le quartier chic de Ginza avec des politiciens et des personnalités de la télévision, alors qu’il appelait la population à éviter de sortir après 18 heures dans le cadre des mesures de prévention du Covid-19.
Ajoutées aux critiques de la gestion de la pandémie de Covid-19 ou de l’obstination à vouloir organiser les JO cet été, alors que 80 % des Japonais veulent leur report ou leur annulation, ces affaires contribuent à l’effritement de sa cote de popularité, en recul de deux points à 38 % selon un sondage de la chaîne publique NHK.
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Source : Le Monde.fr