La Corée du Nord a procédé, pour la première fois depuis 2017, au tir d’un missile balistique de portée intermédiaire (IRBM) au-dessus du Japon. Sur fond de crainte d’un septième essai nucléaire par Pyongyang, ce lancement a brusquement fait remonter les tensions en Asie de l’Est. L’engin est parti vers l’est à 7 h 23, mardi 4 octobre, depuis la province nord-coréenne de Jagang (Nord). Il a parcouru 4 500 kilomètres avant de s’abîmer dans l’océan Pacifique.
Son passage à la verticale dans le nord de l’Archipel a contraint Tokyo à activer son système J-Alert. Les habitants des départements d’Hokkaido et d’Aomori (Nord) ont été appelés à s’abriter. Le trafic ferroviaire a brièvement été interrompu. Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a dénoncé un « acte irréfléchi » qu’il « condamne fermement ».
Le président sud-coréen, Yoon Seok-youl, a de son côté promis une « réaction déterminée ». « Cette action est déstabilisante et montre le mépris flagrant de la République populaire et démocratique de Corée [RPDC, nom officiel du Nord] pour les résolutions du Conseil de sécurité et la sécurité internationale », a souligné Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis.
Le missile serait un Hwasong-12, un modèle similaire à celui tiré en août 2017. A l’époque, il avait été suivi d’un essai nucléaire – le sixième –, présenté par Pyongyang comme celui d’une « bombe à hydrogène pouvant équiper un missile balistique intercontinental ».
Rafale de lancements de missiles
Un enchaînement similaire est redouté. Le service du renseignement sud-coréen (NIS) s’attend à un septième essai nord-coréen entre le congrès du Parti communiste chinois, qui commence le 16 octobre, et les élections de mi-mandat, le 8 novembre, aux Etats-Unis. Les dernières observations satellitaires, dévoilées le 4 octobre par le Centre d’études internationales et stratégiques, un think tank américain, révèlent une activité continue à Punggye-ri, le site d’essais nucléaires du Nord.
Or, le contexte est très différent de 2017. Il y a cinq ans, le président américain, Donald Trump, avait réagi à l’enchaînement IRBM-essai nucléaire en menaçant de « détruire totalement » la Corée du Nord. Les Nations unies avaient imposé des sanctions particulièrement sévères.
Cette fois, le tir suit une véritable rafale de lancements de missiles à courte portée entre le 25 septembre et le 1er octobre. Pyongyang, qui n’a fait aucun commentaire sur ces lancements, semblait ainsi protester contre les manœuvres militaires à grande échelle – incluant le porte-avions nucléaire américain USS Ronald-Reagan – qui ont mobilisé, du 25 au 30 septembre, la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon, et contre la visite en Corée du Sud de la vice-présidente américaine, Kamala Harris, le 29 septembre. Le 1er octobre correspondait en outre à la journée des forces armées en Corée du Sud.
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Source : Le Monde.fr