Les événements extrêmes frappent le Japon à un rythme sans précédent. Et pour les experts de l’Agence nationale de météorologie (JMA), la responsabilité du dérèglement climatique est indéniable. Dernier phénomène en date, le typhon Jebi, le plus puissant à balayer l’archipel depuis 25 ans, avec des vents atteignant les 220 km/h. Il progressait, mercredi 5 septembre, vers le nord, en direction de l’île russe de Sakhaline, après avoir provoqué d’importants dégâts dans l’Archipel : 10 morts et 340 blessés, selon un bilan provisoire, 570 000 foyers privés d’électricité en fin de matinée, mercredi, dans la région du Kansai (Ouest), 32 000 à Hokkaido (Nord) et des transports fortement perturbés.
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La veille, la violence du phénomène avait notamment provoqué l’inondation de l’aéroport international du Kansai, construit sur un polder. Un pétrolier s’est encastré dans le tablier du pont, désormais impraticable, qui le relie à la terre et notamment à l’agglomération d’Osaka, de sorte que près de 3 000 personnes bloquées dans l’aéroport ont dû être évacuées mercredi par bateau vers l’aéroport de Kobe, situé à une vingtaine de kilomètres.
Températures trop élevées
Jebi est le 21e typhon enregistré cette année par le Centre météorologique régional de Tokyo (dépendant de la JMA), qui gère les informations et les alertes concernant ces cyclones naissant dans le Pacifique Ouest.
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Un chiffre élevé, mais encore loin du record de 1967, quand l’agence de météorologie en avait dénombré 39. L’exception, cette année, tient à leur multiplicité au mois d’août. Cinq typhons se sont formés en cinq jours, entre le 12 et le 16 août. Un sixième a suivi le 18. Jebi est apparu le 27.
Tous naissent dans le centre-ouest du Pacifique, au sud-est de l’Archipel. L’enchaînement rapide de leur formation tient, en 2018, à différents phénomènes, à commencer par des températures élevées à la surface de l’océan. Elles ont atteint 30 degrés, dépassant de 0,5 à 1 degré les moyennes de saison. Ces températures élevées favorisent la formation des cumulonimbus, ces nuages massifs pouvant atteindre plusieurs kilomètres d’épaisseur, à l’origine des orages et des typhons.
Outre les températures, la JMA signale l’influence de la mousson indienne. Plus puissante et plus destructrice cette année – les inondations et glissements de terrain ont fait 1 400 morts en Inde –, elle a provoqué des vents d’ouest plus forts que d’habitude qui, au contact des vents d’est soufflant en marge des anticyclones sur le Pacifique, ont favorisé la formation de tourbillons évoluant en typhons.
Une fois formés, ces typhons suivent des routes vers l’ouest. Certains, comme Jebi et avant lui Shanshan et Jongdari, ont atteint le Japon. D’autres se sont orientés vers Taïwan ou le sud de la Chine.
Le réchauffement planétaire en cause
Ces calamités qui frappent le Japon s’ajoutent cette année à plusieurs catastrophes exceptionnelles, notamment une intense vague de chaleur en juillet. Un nouveau record de température a été établi, à 41,1 degrés, le 23 juillet dans la ville de Kumagaya, au nord de Tokyo. Les températures ont dépassé de 2,8 degrés les moyennes saisonnières.
En cause, l’extension à une altitude d’environ 5 000 mètres au-dessus du Japon de l’anticyclone d’Hawaï et celle, à 15 000 mètres, de l’anticyclone du Tibet. Ces deux systèmes de hautes pressions ont comprimé l’air chaud au sol, faisant grimper le thermomètre. « C’est comme si l’archipel japonais s’était retrouvé sous deux couvertures », explique la JMA.
Cette chaleur, difficile à supporter en raison d’un taux d’humidité élevé et parce qu’elle ne baissait pas pendant la nuit, a suivi les pluies tombées principalement sur l’ouest du pays début juillet, deux à quatre fois plus importantes qu’en moyenne pour un mois de juillet. Ces précipitations élevées ont fait plus de 220 morts et d’importants dégâts.
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Dans un rapport consacré à ces phénomènes exceptionnels, rendu public le 22 août, la JMA établit un lien entre le réchauffement planétaire et « la tendance à long terme à une intensité accrue des épisodes de précipitations extrêmes observés au Japon et la nette tendance à la hausse des quantités de vapeur d’eau en suspension », et donc au « phénomène des fortes pluies ». L’agence pointe également la responsabilité du dérèglement du climat dans « la canicule extrême ». Sans pour autant faireréagir le gouvernement du premier ministre, Shinzo Abe.
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