Escaliers mécaniques à l’arrêt dans les grands magasins, la tour Tokyo Skytree dans le noir ou des personnels appelés à limiter les heures supplémentaires. Les gestes se multiplient à Tokyo et dans le nord-est du Japon pour réduire la consommation d’électricité et éviter des coupures en cette période de chaleur exceptionnelle et d’approvisionnement contraint. Soucieux d’éviter tout mécontentement à l’approche des élections sénatoriales du 10 juillet, le gouvernement du premier ministre Fumio Kishida a prolongé, mardi 28 juin, l’alerte à la pénurie de courant.
Une telle alerte est émise lorsque la réserve de sécurité des compagnies d’électricité passe sous les 5 %, voire menace de tomber sous les 3 %. Sous cette limite, le risque de coupure devient particulièrement élevé. Lundi 27 juin, la réserve a chuté à 3,7 %, en fin d’après-midi. « La demande reste supérieure aux prévisions, dans un contexte de chaleur anormalement intense », a expliqué le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI). « Nous demandons à la population de réduire sa consommation d’énergie, surtout en début de soirée, lorsque la réserve diminue », a insisté le porte-parole du gouvernement, Yoshihiko Isozaki. Si la température augmente de 1 °C, a calculé la compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco), la demande d’électricité croît de 1,5 gigawatt.
Pour répondre à la demande, Tepco a sollicité d’autres compagnies régionales. Le producteur JERA – coentreprise créée par Tepco et la compagnie d’électricité du Chubu pour la production d’origine thermique – a avancé de deux jours le redémarrage, prévu le 1er juillet, de sa centrale au gaz du département de Chiba, à l’est de Tokyo.
Arrêt prolongé du parc nucléaire
L’approvisionnement pâtit des difficultés d’un réseau en pleine transformation pour réaliser l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. La libéralisation, en 2016, du marché de l’électricité a exacerbé la concurrence entre opérateurs pour offrir les tarifs les plus avantageux. Les compagnies ont fermé plusieurs centrales thermiques jugées peu rentables. Le développement des énergies renouvelables progresse, mais reste soumis aux aléas de la météo.
A cela s’ajoute l’arrêt prolongé du parc nucléaire, depuis la catastrophe de Fukushima de 2011. Quelque 54 réacteurs fournissaient jusque-là 30 % de l’électricité du Japon. Les normes sévères de sécurité et les oppositions locales empêchent la relance de nombre d’entre eux : seuls dix sont aujourd’hui en activité. Résultat : le Japon a perdu près d’un quart de ses capacités de production d’électricité et reste très dépendant des énergies fossiles, le gaz ou le pétrole, dont les prix augmentent en raison de la guerre en Ukraine.
Il vous reste 35.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr