La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de « Tokyo 2020 », vendredi 23 juillet, a été à l’image d’olympiades maintenues en pleine pandémie et en opposition à la majorité de la population japonaise. Dans le nouveau stade national de 68 000 places, devant à peine un millier d’invités officiels, parmi lesquels le président français, Emmanuel Macron, seul chef d’Etat des pays membres du G7 présent, l’empereur Naruhito a annoncé que les Jeux de la XXXIIe Olympiade étaient ouverts.
L’interminable cérémonie, manquant de rythme et de conviction – si ce n’est une belle image de la Terre dessinée par un essaim de drones dans la nuit de la capitale et l’allumage de la flamme par la populaire joueuse de tennis Naomi Osaka –, n’a été égayée que par les défilés des délégations qui donnaient pour la première fois un peu de gaîté à un évènement prisonnier de sa bulle. Le volume du son et des feux d’artifices, qui ont ponctué la soirée, n’ont pas couvert les « Arrêtez les JO » infatigablement scandés par les opposants, massés à différentes entrées de la zone d’accès au stade et encadrés par un impressionnant déploiement de forces policières et de soldats.
Au cours de la journée, chaude et humide à Tokyo, comme de coutume en cette saison, des messages d’alerte étaient régulièrement apparus, comme chaque jour, sur les écrans des téléphones portables. « Risque de coups de chaleur, évitons les activités physiques. »
Ces messages, alors que commencent les Jeux, sont révélateurs des deux mondes parallèles dans lesquels vit aujourd’hui le Japon : d’un côté, le roulement de tambour médiatique de la « famille olympique », qui a ignoré ce fait saisonnier pour complaire aux télévisions américaines, comme NBC, qui ne voulait pas modifier les saisons de football américain ou de basket qui commencent à l’automne ; de l’autre, le ressenti au quotidien des habitants de l’archipel. La majorité des Japonais sont inquiets d’un événement tenu en pleine résurgence de la pandémie de coronavirus, dans une ville placée sous état d’urgence.
L’OMS met un bémol à l’enthousiasme forgé par les médias
La capitale enregistre chaque jour près de 2 000 nouveaux cas de contagion. Ce bilan pourrait, selon l’expert médical auprès du gouvernement, Shigeru Omi, passer à 3 000 début août, alors que le système hospitalier est déjà au bord de la saturation.
Les organisateurs des JO et l’agence Dentsu – le géant de la publicité, grand partenaire de l’ombre du Parti libéral démocrate, le PLD conservateur au pouvoir, et disposant d’un pouvoir d’influence énorme – comptent sur les premières médailles obtenues par les athlètes nippons pour désamorcer l’emballement anxiogène.
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Source : Le Monde.fr
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