FactuelRevendications territoriales, renforcement de sa marine de guerre, néocolonialisme… La Chine inquiète. En réaction, les acteurs régionaux réajustent leurs stratégies, notamment au sein du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) entre Etats-Unis, Inde, Australie et Japon.
En pleine pandémie de Covid-19, à l’heure où les visioconférences remplacent nombre de sommets diplomatiques, la rencontre de quatre ministres des affaires étrangères, venus spécialement à Tokyo, le 6 octobre, témoignait d’une volonté de marquer les esprits. Dans le cadre du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quadrilateral Security Dialogue ; Quad), Etats-Unis, Inde, Australie et Japon se réunissaient pour discuter stratégie dans l’espace indo-pacifique, face au géant chinois.
A l’issue de cette réunion, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, entamait en Asie une vaste tournée – moins d’une semaine avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre –, d’abord en Inde, puis au Sri-Lanka, aux Maldives, en Indonésie et au Vietnam. Avec un mantra partout martelé : la défense d’un « Indo-Pacifique libre et ouvert ».
L’« Indo-Pacifique », qui étend « l’Asie-Pacifique » – concept en vogue de la fin du XXe siècle – au sous-continent indien et à l’océan qui l’entoure, est une région charnière du monde, le centre de gravité actuel des échanges maritimes et de la croissance. Si chaque pays en donne une définition différente, l’Indo-Pacifique s’est imposé, depuis la fin des années 2010, comme un marqueur géopolitique. Scruté par les chancelleries et les états-majors, il fait l’objet de séminaires, de doctrines gouvernementales et de sommets minilatéraux, tout en s’appuyant sur une flopée d’exercices militaires.
Manœuvres tactiques de haut niveau
Début novembre, frégates et hélicoptères des marines américaine, australienne, japonaise et indienne se sont entraînés de concert dans le golfe du Bengale, dans le cadre des exercices « Malabar ». Marquées par le retour de l’Australie, ces manœuvres tactiques de haut niveau sont les premières effectuées par les quatre forces navales du Quad, après un ballon d’essai en 2007. Du 17 au 20 novembre, les porte-avions américain Nimitz et indien Vikramaditya, fleuron de la flotte de New Delhi, doivent ensuite se retrouver aux côtés de navires australiens et japonais dans la partie occidentale de l’océan Indien, au large de Goa.
Au-delà des initiatives du Quad, le concept d’Indo-Pacifique agrège désormais des thématiques multiples − technologies, environnement, ressources halieutiques, etc. – et d’autres Etats. La France s’y est ralliée « en voisin », faisant valoir ses territoires d’outre-mer et leur gigantesque zone économique exclusive (ZEE) – soit la deuxième ZEE mondiale. L’Allemagne elle-même a publié, début septembre, ses lignes directrices sur cette région, décrite comme « la clé de la configuration de l’ordre international au XXIe siècle ».
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Source : Le Monde.fr
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