Dans un Japon confronté à une inquiétante troisième vague de contaminations au Covid-19, le kanji − caractère chinois utilisé en japonais − mitsu a été choisi comme décrivant le mieux l’année écoulée. Dévoilé lundi 14 décembre depuis la célèbre terrasse du temple Kiyomizu-dera, au fil du pinceau de Seihan Mori, le supérieur de la célèbre enceinte bouddhiste des hauteurs de Kyoto (Ouest), ce caractère porte les sens de proximité et de densité.
Tout au long de 2020, il a figuré dans les slogans appelant à respecter les gestes barrières. Le plus connu reste san mitsu. Imaginé en mars par le ministère de la santé, il détaillait « trois » (san) habitudes à suivre pour éviter la contamination : éviter les lieux confinés, les sites encombrés et les contacts rapprochés.
Preuve de son importance, san-mitsu a été désigné le 1er décembre « mot de l’année » par la maison d’édition Jiyû Kokuminsha − qui publie chaque année le Dictionnaire du vocabulaire contemporain − en partenariat avec le site éducatif U-Can.
Appel à l’armée
L’usage de mitsu a également été popularisé par la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike. En conférence de presse au printemps, Mme Koike avait lancé aux journalistes : « Mitsu desu. » (« Vous êtes trop proches .») La réflexion avait fait sourire et donné lieu, en avril, à un jeu vidéo titré, comme il se doit, Mitsu desu, dans lequel une femme représentant Mme Koike évolue pour éviter les contacts rapprochés et recevoir des masques du premier ministre, Shinzo Abe, en poste jusqu’en septembre.
Organisée depuis vingt-six ans par la Fondation chargée des tests d’aptitude aux kanjis, la sélection du caractère de l’année se fait à travers un sondage. Mitsu a recueilli 13,65 %, un niveau suffisant pour arriver en tête des suffrages exprimés par 208 025 votants.
Sa sélection sonne comme un rappel dans un pays confronté à une nouvelle vague de contaminations, après celles du printemps et de l’été. Le Japon enregistre en moyenne près de 2 500 nouveaux cas chaque jour, contre moins de 1 000 au début de novembre. Le 14 décembre, il recensait 183 017 cas et 2 662 décès.
Dans plusieurs départements, le taux d’occupation des lits de soins intensifs dépasse 50 %, pourtant considérés comme une limite. Certains départements, comme Osaka, dans l’Ouest et Hokkaido, dans le Nord, ont fait appel aux unités médicales des forces d’autodéfense (l’armée japonaise). Le gouvernement a annoncé la suspension, du 28 décembre au 11 janvier, de la campagne « Go to Travel » d’incitation à voyager, et plusieurs villes, dont Tokyo, ont demandé aux restaurants et cafés de fermer à 21 heures.
Source : Le Monde.fr
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