Une communication déficiente et des mesures tardives voire discutables fragilisent le Japon face à l’épidémie de pneumonie virale Covid-19. Lundi 17 février, deux avions affrétés par les Etats-Unis ont quitté l’Archipel avec, à bord, 380 passagers du ferry Diamond-Princess. Washington a estimé que les conditions à bord du navire amarré au port de Yokohama, au sud de Tokyo, exacerbaient les risques de contagion au lieu de les réduire. Faisant le même constat que les Etats-Unis, d’autres pays – le Canada, l’Italie ou encore Taïwan et la Corée du Sud – vont également évacuer leurs ressortissants du ferry immobilisé depuis le 3 février.
Ces décisions traduisent une défiance envers la gestion de la crise par le Japon. Les autorités sanitaires nippones avaient détecté le 16 février 355 cas de coronavirus – dont un Français de 80 ans – à bord du ferry, mais n’avaient contrôlé que 1 200 des 3 700 passagers et membres d’équipage, en raison d’un manque de moyens et de personnel. La fin de la quarantaine est prévue pour le 19 février mais les personnes encore à bord ne devraient pouvoir quitter le navire qu’à partir du 21, après de nouveaux tests.
La situation n’a rien de rassurant dans un pays qui totalise – en incluant ceux du Diamond-Princess – 408 cas, dont un décès. Chaque jour, de nouveaux malades sont signalés dans différentes régions, Hokkaido au nord, Tokyo ou encore Okinawa à l’extrême sud, avec parfois une impossibilité de définir la voie de contamination. Le nombre de cas place le Japon en deuxième position des pays les plus touchés, derrière la Chine.
Cité par l’agence de presse Kyodo, Takaji Wakita, le chef de l’Institut national des maladies infectieuses, estime que « la situation actuelle représente le début d’une épidémie nationale. Elle pourrait s’aggraver ». Koji Wada, spécialiste de santé publique, redoute une « contamination des personnes bien au-delà des groupes de patients identifiés ».
Une population de plus en plus inquiète
Le ministre de la santé, Katsunobu Kato, a reconnu dimanche qu’il fallait « s’attendre à une propagation des contaminations ». Le gouvernement a débloqué des fonds et demandé aux entreprises de favoriser le travail à domicile. Contrairement aux attentes du ministère de la santé, il a néanmoins refusé d’élever son niveau d’alerte à celui d’une épidémie en évolution rapide. Une telle décision aurait permis de renforcer les contrôles et les moyens pour traiter les malades, voire de rassurer une population de plus en plus inquiète.
Source : Le Monde.fr
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