« Protéger toutes les vies. » Le thème de la visite au Japon du pape François ne souffre aucune exception, quitte à susciter, même subtilement au travers de sujets comme la peine de mort, un certain embarras chez l’hôte nippon. Le souverain pontife a terminé, mardi 26 novembre, sa visite de quatre jours au Japon par une rencontre à Tokyo avec la compagnie de Jésus, dont il est issu comme l’était François Xavier, premier porteur du message chrétien au Japon au milieu du XVIe siècle, et une intervention à l’université catholique Sophia, créée en 1913 par ces mêmes jésuites.
La veille, il avait rencontré le premier ministre, Shinzo Abe, pour une entrevue devant les diplomates en poste à Tokyo. M. Abe a réagi aux appels du pape à la disparition des armes nucléaires et à la paix.
M. Abe, opposé à la signature du traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté par l’ONU en 2017, a souligné l’engagement pour la paix du Japon, unique pays ciblé par des bombes atomiques, et sa « mission » d’être « un pont entre les pays ayant des armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas », pour obtenir la fin de ces arsenaux. Il a insisté sur le fait que le Japon, « pays qui respecte la liberté et les droits de l’homme, ne doit pas abandonner ceux qui sont dans la souffrance ».
Le chef du gouvernement n’a pas abordé son ambition de réformer la Constitution pacifiste de 1947, ni les dépenses de défense de l’Archipel, en hausse depuis huit ans. Le pape a souligné l’importance du dialogue, « unique arme digne de l’être humain ».
Les « inquiétudes » soulevées par Fukushima
Avant cet entretien, le pape avait profité d’autres rencontres pour évoquer des sujets auxquels il tient, mais qui sont loin d’être la priorité du gouvernement nippon. Ainsi de l’environnement, qui l’a incité à choisir une papamobile dérivée de la Toyota Mirai, un modèle à hydrogène.
Lors d’une entrevue avec des survivants du séisme, du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima de mars 2011, organisée à Tokyo alors que le pape aurait aimé qu’elle se déroule à Fukushima, il a évoqué les « inquiétudes scientifiques et médicales » soulevées par la catastrophe nucléaire et appelé à la prudence sur le nucléaire civil. Les évêques japonais plaident, depuis la catastrophe, pour la sortie « immédiate » du nucléaire.
Puis il a été reçu par l’empereur Naruhito, comme le fut, en 1981, Jean Paul II par Hirohito (1901-1989, grand-père du souverain actuel). L’empereur est attaché à promouvoir la paix et s’intéresse aux questions d’écologie, notamment l’accès à l’eau.
Source : Le Monde.fr