Le studio 1 de Kyoto Animation (KyoAni) n’est plus. Ravagé en 2019 par un incendie qui a fait 36 morts et 32 blessés, le bâtiment jaune du quartier de Fushima, à deux pas de la rivière Yamashina, dans le sud de Kyoto (ouest du Japon), a été rasé et n’est plus qu’un terrain fermé par une haute palissade marron, placé sous caméras de surveillance pour éviter les rassemblements en hommage aux victimes, à même de troubler la quiétude du quartier résidentiel où il se trouve.
La surveillance est d’autant plus étroite en cette fin d’été que le procès de l’auteur de l’incendie, Shinji Aoba, commence mardi 5 septembre. Au fil des trente-deux audiences prévues jusqu’en octobre et qui devraient être très suivies, les juges et le jury tenteront de saisir les motivations d’un geste à l’origine d’une des pires tragédies des dernières années au Japon. « Nos cœurs débordent de douleur quand nous pensons aux employés décédés, aux blessés et à leurs proches. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous en remettre à la loi », a déclaré le 30 août Hideaki Hatta, président de KyoAni.
Le drame remonte au 18 juillet 2019, quand Shinji Aoba, arrivé là trois jours plus tôt de sa ville d’origine, Saitama, au nord de Tokyo, a vidé deux bidons d’essence au rez-de-chaussée du bâtiment abritant le studio 1 de KyoAni, en a également arrosé le personnel et a mis le feu en hurlant « pakuri yagatte ! » (« plagiat »). KyoAni avait reçu plus de 200 menaces de mort anonymes dans l’année qui a précédé l’attaque. Prévenue, la police a effectué des patrouilles sans pouvoir empêcher le passage à l’acte de Shinji Aoba, qui a par la suite expliqué avoir agi parce que le studio aurait « volé [s]on roman ».
Un retentissement mondial
L’incendie a pris l’allure d’une tragédie au retentissement mondial en raison de l’image du studio. Créé en 1981 par Hideaki et Yoko Hatta, KyoAni commence par travailler en postproduction pour d’autres sociétés, comme Shin-Ei Animation, qui réalise notamment les films Doraemon. Puis il élargit ses activités à l’animation et à la création de décors, collaborant avec le studio Ghibli d’Hayao Miyazaki ou encore OLM, pour Pokémon.
Au début des années 2000, KyoAni sort ses propres créations, films et séries animées, qui connaissent rapidement le succès. Le studio s’illustre par des œuvres comme K-On ! (2009) et La Mélancolie de Haruhi Suzumiya (2006), inspirées de la vie quotidienne des lycéennes. A Silent Voice (2016), basé sur un manga de Yoshitoki Oima, s’attarde sur le problème du harcèlement scolaire. La qualité des créations fait que certains décors des films sont devenus des lieux de pèlerinages pour les fans.
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Source : Le Monde.fr