Manuel Valls au Japon : "Emmanuel Macron est un talent" – leJDD.fr
La zénitude. S’il fallait trouver un mot pour résumer la première journée – résolument culturelle – du premier voyage de Manuel Valls au Japon, le Premier ministre l’a lui-même fourni. Accueilli par les moines, il visite le sanctuaire shinto de Shimogamo-jinja dédié au culte de la « jeune fille à l’esprit accueillant » et à son père, entouré des « bois de la vérité ». C’est au milieu de ce temple aux tons rouges que Manuel Valls répond aux questions des journalistes. « Je suis toujours zen […] Zen au Japon, zen en France, il faut être zen pour affronter les défis. » C’est bien cette attitude traditionnellement japonaise qu’il voulait montrer. En sortant, accompagné de son épouse, la violoniste Anne Gravoin, il s’attarde avec une petite fille en tenue traditionnelle.
Ici, tout lui plaît. Ce qui lui déplaît, en revanche, ce sont les papiers qui font état de sa rivalité avec Emmanuel Macron : « C’est vraiment une fable », balaie en privé Valls. « Macron, le Valls d’hier, c’est la tarte à la crème des commentaires », analyse-t-il, un sourire aux lèvres. Demain, Valls et Macron lanceront ensemble à Tokyo l’année franco-japonaise de l’innovation. Une journée pour montrer que tout va bien. Et si les images ne suffisent pas, voici le texte. « Emmanuel est un talent, c’est un plus pour le gouvernement […] C’est une chance pour la vie politique de se régénérer », décrit Valls.
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Il l’a recadré, publiquement et en privé, mais il ne veut pas laisser dire ou plutôt écrire qu’il a un problème avec son ministre. « Je dois avoir beaucoup de défauts, mais je n’ai jamais peur du talent et de l’intelligence. Je ne suis jamais gêné par des personnalités fortes ou par la popularité des autres », confie-t-il. Il est gêné en revanche par des paroles qui braquent les fonctionnaires ou les élus. « Avoir un parcours différent, venir du privé, c’est important pour la vie politique », raconte Valls, défendant Macron. Puis dans la même phrase, il le tacle : « Dans une démocratie, être élu, c’est le pire des systèmes mais c’est le seul. » Il ajoute : « La relation avec Emmanuel est de très grande qualité parce qu’il est très bon. Mais la politique, c’est autre chose. Même les plus expérimentés peuvent avoir un mot de trop. »
La politique, c’est le domaine de Valls, pas celui de Macron. « Je n’ai pas besoin de montrer que je suis plus moderne, plus réformateur. J’anime un gouvernement », explique le Premier ministre. Valls soutient Macron, mais ils ne sont pas du même niveau. L’un est le chef de l’autre.
Valls est content d’être là. Il ne veut pas se laisser perturber. Quand le maire de la ville, lançant la Nuit blanche sur le parvis du musée international du Manga, clôt son allocution par : « La prochaine fois que vous viendrez à Kyoto, je vous accueillerai comme président de la République », Manuel Valls sourit. Puis il lit son discours, sans y faire allusion. Il conclut d’un tanoshinde kudasaï (« amusez-vous bien »). Et ne dit pas quand il reviendra.
Cécile Amar, envoyée spéciale, Kyoto (Japon) – Le Journal du Dimanche
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