Ayant retrouvé sa liberté de parole depuis son arrivée au Liban le lundi 30 décembre 2019, Carlos Ghosn compte bien l’utiliser, et l’un de ses avocats a déjà annoncé qu’il tiendra une conférence de presse mercredi 8 janvier. Peut-être l’ancien PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mistusbishi en dira-t-il un peu plus sur sa spectaculaire fuite du Japon, qui continue de susciter des interrogations, notamment parce qu’il était sous surveillance des autorités nippones, la police, le parquet et même une société privée mandatée par le constructeur Nissan.
Jeudi 2 janvier, la chaîne de télévision publique japonaise NHK révélait que les procureurs avaient perquisitionné son domicile à Tokyo. Dans le même temps, l’agence de presse DHA indiquait que les autorités turques ont interpellé sept personnes dans le cadre d’une enquête sur le transit par Istanbul de Carlos Ghosn.
- Comment s’est passée la fuite ?
Les spéculations vont bon train sur ce départ qui aurait eu lieu, disent des médias libanais, avec l’assistance d’une société de sécurité privée. Son épouse, Carole Ghosn, a démenti qu’il soit sorti de son domicile dans une malle servant à transporter des instruments de musique par un orchestre invité à se produire chez lui. Seule certitude, les données du ministère japonais de la justice ne mentionnent aucune sortie du territoire à son nom.
- Comment est-il entré au Liban ?
Des sources libanaises affirment que Carlos Ghosn a franchi les contrôles à Beyrouth avec un passeport français. Selon la chaîne NHK, il possédait un double de son passeport enfermé dans une sacoche dont la clef, un code secret, était détenue par ses avocats. Ce document d’identité lui aurait servi pour ses déplacements internes. Sa défense conservait aussi ses autres passeports (brésilien, libanais et français). Toutefois, comme certains grands patrons d’entreprises stratégiques qui font des affaires en Israël et dans les pays arabes, la possession d’un deuxième passeport n’est pas à exclure.
Une fois arrivé à Beyrouth, il aurait, selon la presse libanaise, été accueilli par le chef de l’Etat, Michel Aoun. Une source au palais présidentiel a démenti au Monde qu’un tel contact ait eu lieu.
- Quelles réactions au Japon ?
Les interrogations se poursuivent alors que le pays, en pleins congés du Nouvel An, tourne au ralenti. La presse critique davantage Carlos Ghosn que les manquements du gouvernement nippon, incapable d’empêcher l’homme d’affaires de quitter le pays. « L’ancien président de Nissan, qui clamait son innocence, a clairement commis un crime et ne peut plus jamais venir au Japon sans finir en prison », estime le quotidien progressiste Mainichi alors que le conservateur Yomiuri a qualifié son départ d’« acte plein de lâcheté ».
Source : Le Monde.fr