Epargné de la contagion exponentielle du Covid-19 qu’a connue l’Europe et que connaissent toujours les Etats-Unis, le Japon est confronté depuis une quinzaine de jours à une recrudescence alarmante du nombre des personnes contaminées. Avec 437 nouveaux cas le 31 juillet, Tokyo est l’épicentre de cette reprise de la contamination (la moitié des 12 700 personnes infectées dans la capitale l’ont été au cours du mois de juillet). « Nous sommes arrivés au point où déclarer l’état d’urgence pour Tokyo devient la seule solution », a déclaré la gouverneure de la capitale, Mme Yuriko Koike. De fait, samedi 1er août, la région d’Okinawa a décidé de rétablir l’état d’urgence jusqu’au 15 août.
L’état d’urgence qui donnait aux gouverneurs de province des pouvoirs réglementaires plus étendus a été levé fin mai. Aussi, ne disposent-ils plus que de la persuasion, en invitant la population à respecter leurs directives, pour essayer d’enrayer la contamination. L’appel à la fermeture des bars et des restaurants à 22 heures à partir du 3 août et jusqu’à la fin du mois dépend ainsi de la bonne volonté du propriétaire de l’établissement.
Campagne de promotion du tourisme
La municipalité de Tokyo a demandé également aux salles de pachinko (billard électrique japonais) de fermer. En mai, une minorité d’entre elles s’était refusée à obtempérer sans encourir aucune sanction autre que, dans certains cas, une mise à l’index. Ce fut notamment le cas à Osaka, où le gouverneur Hirofumi Yoshimura presse le gouvernement central de donner aux autorités locales le pouvoir d’ordonner la fermeture des établissements qui ne respectent pas les dispositions de prévention de la contagion.
La détérioration de la situation relance le débat sur la gestion de la pandémie par le gouvernement central dont les atermoiements et les incohérences, dictées par son entêtement à relancer à tout prix l’économie, finissent par provoquer confusion et irritation dans la population. A ses réticences à déclarer à nouveau l’état d’urgence et à procéder à davantage de dépistages s’est ajoutée la décision − pour le moins à contretemps − de lancer la semaine dernière une campagne de promotion du tourisme dans l’archipel (pour un coût de 1 300 milliards de yens, environ 10,5 milliards d’euros), au risque d’étendre la contagion à des régions encore peu touchées. Une campagne dont ont été exclus in extremis les habitants de la capitale en raison de la recrudescence de la contamination. L’opposition demande la tenue d’une session extraordinaire du parlement sur la gestion de l’épidémie.
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Source : Le Monde.fr