Alors que Nissan vient de nommer une nouvelle direction et s’apprête à faire un grand ménage chez ses cadres, le numéro deux du constructeur français se retrouve, lui, sur un siège éjectable.
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Il y a trois cent vingt-trois jours, Carlos Ghosn, PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, était arrêté au Japon pour malversations financières. Entre France et Japon, l’onde de choc de cet événement n’en finit pas de produire ses effets sur les entreprises que le patron déchu dirigeait. Mais, en ce mois d’octobre, l’histoire s’est comme accélérée, tant à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) qu’à Yokohama, au sud de Tokyo, aux sièges des constructeurs Renault et Nissan.
Côté français, la pression est montée de plusieurs crans sur Thierry Bolloré, directeur général de Renault. Le Figaro avançait, dès mardi 8 octobre au soir, que « Jean-Dominique Senard [le président de Renault] devrait proposer prochainement au conseil d’administration du groupe de lancer la recherche d’un nouveau directeur général. »
Le groupe au losange n’a pas souhaité faire de commentaire sur « des rumeurs ». On affirme, dans l’entourage de M. Senard, « qu’aucun processus pour rechercher un nouveau numéro deux n’était officiellement lancé ». Ce qui n’empêche pas cette source d’ajouter que « la pression est montée crescendo pour que le président se sépare de son directeur général. Elle vient de l’interne où la personnalité du directeur général ne fait pas l’unanimité, mais aussi – et tout aussi fortement – de l’Etat actionnaire ».
Les reproches fusent
Au ministère de l’économie, pas de commentaire non plus, où l’on renvoie la balle à la marque au losange. « C’est un sujet qui concerne le management de Renault », répond au Monde l’Agence des participations de l’Etat. Pour le moment, les administrateurs du groupe Renault n’ont reçu aucun signe officiel que le remplacement de Thierry Bolloré sera mis à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration, programmé, depuis longtemps, pour le 18 octobre.
« Je ne suis pas sûr que ce soit le moment opportun, dit l’un d’eux. Il y a un risque de déstabilisation de l’entreprise. Jeudi 10 octobre, Thierry Bolloré devait s’adresser en direct à l’ensemble des salariés, avec questions-réponses. Dans ce contexte, c’est un exercice intenable ! »
Il n’empêche, les reproches envers le directeur général fusent : un management parfois brutal, une fuite des talents (cinq cadres dirigeants ont quitté l’entreprise pour rejoindre le concurrent PSA depuis que M. Bolloré est devenu, en février 2018, numéro deux de Renault), nominations de dirigeants sans expérience de l’automobile, recours immodéré aux consultants du Boston Consulting Group.
Source : Le Monde.fr
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