Il dit vouloir être un modèle pour les autres pères. Mercredi 15 janvier, Shinjiro Koizumi, le ministre de l’environnement japonais, dont le premier enfant doit naître prochainement, a fait part de son intention de bénéficier d’un congé paternité de deux semaines. Une initiative symbolique et inédite de la part d’un membre du gouvernement nippon.
« Je veux prendre au total deux semaines, hormis pour les obligations importantes », a déclaré le futur père de 38 ans lors d’une réunion de ministres. Il a tout de même précisé ne pas vouloir enchaîner les jours de congés, mais travailler de façon flexible, avec des journées raccourcies ou depuis son domicile, afin de consacrer du temps à son enfant. Si ce congé peut paraître anecdotique, le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a néanmoins salué l’initiative du jeune ministre et espère qu’elle incitera les futurs pères à suivre la même voie.
Car, au Japon, les préjugés envers les pères au foyer sont tenaces. L’Archipel se hisse pourtant en tête des pays riches accordant théoriquement le plus de congés de naissance, selon un classement de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Mères comme pères peuvent en effet s’accorder jusqu’à un an de congés après l’arrivée de leur enfant. Une période supplémentaire de six mois renouvelables est envisageable si une place en crèche n’est pas disponible.
Taux de natalité très bas
Mais dans une société nippone exigeant des salariés qu’ils s’investissent pleinement dans leur travail, souvent au détriment de leur vie de famille, le congé paternité est particulièrement mal perçu. En 2019, deux hommes qui en avaient bénéficié ont poursuivi leurs employeurs pour discrimination, les accusant notamment de harcèlement moral. Résultat, seulement 6 % des pères prennent un congé paternité, et plus de 70 % d’entre eux retournent travailler au bout de quelques jours. La décision du ministre de l’environnement est ainsi perçue comme un espoir de faire changer les mentalités.
Quant aux mères, qui sont 82 % à demander un congé maternité après la naissance de leur enfant, elles sont souvent contraintes d’abandonner leur carrière professionnelle pour se consacrer pleinement à leur famille ensuite. Certaines entreprises japonaises ont même mis en place des « calendriers de grossesse » imposés aux salariées, qui doivent suivre un ordre établi par la hiérarchie pour tomber enceinte. Un système dénoncé en 2018 par le mari d’une puéricultrice dans une lettre adressée au quotidien Mainichi Shimbun. Celle-ci était tombée enceinte alors qu’une de ses collègues était prioritaire sur le calendrier, et avait dû s’excuser auprès de la directrice de la crèche. Si cette pratique est illégale, elle reste rarement dénoncée et donc impunie.
Source : Le Monde.fr