Téhéran enjoint Chinois, Russes et Européens à modérer l’impact des sanctions américaines après le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire
Article réservé aux abonnés
Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, devait se rendre à Téhéran, mercredi 12 juin, pour une visite de deux jours, afin d’ouvrir un rare canal public de discussion entre les Etats-Unis et l’Iran.
Cette prise de contact, encouragée par la Maison Blanche, intervient après une série d’échanges indirects et discrets, menés par l’ambassade de Suisse à Téhéran et par Oman, médiateur traditionnel dans la région, et après une visite, lundi, du ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas, dans la capitale iranienne.
Actes de guerre
Ces efforts diplomatiques ont lieu alors que Téhéran a signalé sa volonté de cesser de respecter ses engagements sur le nucléaire, un an après le retrait des Etats-Unis de l’accord, en mai 2018, et alors que les sanctions américaines contre l’Iran y sont assimilées à des actes de guerre.
Téhéran a donné jusqu’au 7 juillet aux autres signataires de l’accord (Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) pour modérer le poids de ces sanctions qui menacent de réduire son PIB de 6 % dans l’année, selon le Fonds monétaire international. Sans cela, l’Iran relancera graduellement ses centrifugeuses, au risque de provoquer le retour des sanctions de l’ONU et de ses partenaires européens.
Ni simple porteur de message ni encore médiateur, selon Tokyo, M. Abe apparaît comme un envoyé personnel du président américain, Donald Trump. En visite au Japon fin mai, M. Trump avait donné son feu vert à cette visite :
« Je sais que le premier ministre et le Japon ont une très bonne relation avec l’Iran, alors nous allons voir ce qui arrive », avait-il déclaré.
Les deux hommes se sont encore entretenus lundi 11 juin, avant le départ de M. Abe, qui devait rencontrer le président modéré, Hassan Rohani, et le Guide suprême, Ali Khamenei.
Messages contradictoires de Trump
Depuis plusieurs semaines, M. Trump a multiplié les messages contradictoires à l’adresse de Téhéran. « Nous ne cherchons pas un changement de régime. Je veux que ce soit clair. Mais nous ne voulons pas d’armes nucléaires », affirmait-il à Tokyo, en mai. Sans écarter la possibilité d’une intervention militaire, M. Trump a, à plusieurs reprises, rappelé que cette option n’avait pas sa préférence.
Le président américain se veut plus conciliant que son administration, qui multiplie les annonces de déploiement de forces militaires dans le golfe Arabo-Persique depuis la fin avril, et qui accuse Téhéran d’avoir mené des opérations de sabotage contre quatre pétroliers au large des Emirats arabes unis (EAU) au mois de mai.
Source : Le Monde.fr