Huile d’olive, saké, sel, sauce soja… Sur cette île aux airs méditerranéens, les traditions ancestrales nourrissent le meilleur de la gastronomie nippone.

Publié le 29 avril 2019 à 12h15

Temps de Lecture 3 min.

De la mer intérieure de Seto, on connaît surtout les îles artistiques, Naoshima et Teshima. Pourtant, les 700 îles de Setouchi abritent d’autres joyaux que les citrouilles de la plasticienne Yayoi Kusama. En janvier, le New York Times a hissé la région au septième rang des 52 lieux à visiter cette année. Pour la quatrième édition de sa Triennale d’art contemporain bien sûr, mais pas seulement.

Avec ses campagnes et ses rizières étalées sur un territoire dix fois plus vaste que ses célèbres voisines, Shodoshima est le grenier où s’approvisionnent les cuisines de l’Archipel. Sauce soja, nouilles somen, sel, saké, les marchands de Kyushu en route pour l’ancienne capitale Kyoto lui ont légué un savoir-faire artisanal vieux de 400 ans. Ici, l’Inox n’a jamais remplacé le bois pour faire vieillir la sauce soja et la mécanique n’a pas laissé la place à l’automatisation pour produire les meilleures nouilles du pays.

Huile essentielle chez Noriaki Yamada

Située entre la mer et les crêtes volcaniques du mont Hoshigajo, l’oliveraie de Noriaki Yamada est luxuriante en toute saison.
Située entre la mer et les crêtes volcaniques du mont Hoshigajo, l’oliveraie de Noriaki Yamada est luxuriante en toute saison. Sumiyo Ida pour M Le magazine du Monde

Bénéficiant d’un climat méditerranéen unique au Japon, des oliviers y poussent depuis 1908. Fiers de cet héritage, les oléiculteurs, comme Noriaki Yamada, ouvrent facilement les portes de leur fabrique. Cet ancien cadre a quitté Tokyo pour fabriquer la première huile d’olive biologique du pays, sans engrais ni pesticides – dès l’aube, il traque les insectes avec sa lampe frontale… Située dans une vallée entre la mer et les crêtes volcaniques du mont Hoshigajo, son oliveraie est luxuriante en toute saison. On peut goûter son huile dans le café de bord de mer Tako no makura et l’acheter à la boutique Usuqefare, au milieu des rizières.

Tako no makura, 1336 Ikeda, Shodoshima-cho. Ouvert du vendredi au lundi de 11 h 30 à 17 h. www.takomaku88.com
Usuqefare 131-1 Nakayama, Shodoshima-cho. De 10 h à 17 h, fermé le mardi et le mercredi.

Chère fine au ryokan Mari

Sols en bois laqué, petits jardins, bains thermaux privés, et surtout mets raffinés : l’auberge Mari est le comble du luxe à la japonaise.
Sols en bois laqué, petits jardins, bains thermaux privés, et surtout mets raffinés : l’auberge Mari est le comble du luxe à la japonaise. Sumiyo Ida pour M Le magazine du Monde

Des sols en bois laqué, des couloirs vitrés traversant des jardins japonais, un onsen privé d’où jaillit de l’eau thermale dans une bâtisse construite il y a quatre-vingts ans. Sobre et chaleureux à la fois, le ryokan Mari est le comble du luxe à la japonaise. Le soir, au menu du dîner kaiseki (repas gastronomique en plusieurs services) : le fameux bœuf nourri aux olives, le fugu, un poisson potentiellement toxique dont la préparation est réservée à une poignée de restaurants, et d’autres poissons locaux d’une fraîcheur rare.

A partir de 230 € par personne la chambre en demi-pension. 2011 Ko Noma, Shodoshima-cho. www.mari.co.jp

Soja délicat chez Yamaroku Shoyu

Le producteur artisanal de sauce soja Yamaroku fait vieillir ses nectars dans des fûts en bois fabriqués à la main.
Le producteur artisanal de sauce soja Yamaroku fait vieillir ses nectars dans des fûts en bois fabriqués à la main. Sumiyo Ida pour M Le magazine du Monde

Chez ce producteur artisanal de sauce soja depuis cinq générations, l’air est empli d’un parfum de caramel et le bois des façades est noirci par les bactéries de fermentation. Vieilli jusqu’à quatre ans dans des fûts en bois fabriqués à la main, le shoyu de Yamaroku, délicat, riche et long en bouche, est servi dans les meilleurs restaurants de l’Archipel.

Visite et dégustation de 9 h à 17 h. 1607 Yasuda, Shodoshima-cho. www.yama-roku.com

Saké séculaire chez morikuni

Chez Morikuni, le saké produit par Aki Ikeda est à l’honneur, dans le verre comme dans l’assiette.
Chez Morikuni, le saké produit par Aki Ikeda est à l’honneur, dans le verre comme dans l’assiette. Sumiyo Ida pour M Le magazine du Monde

Aki Ikeda est la première femme japonaise à produire du saké. Dans son restaurant, des traverses d’anciens chemins de fer ornent les murs en bois centenaire, et de vieux chauffages d’appoint font office de table basse. Au menu, des recettes de sa grand-mère confectionnées à partir de produits locaux, comme la soupe de bonite au saké. Au bar, dégustation de son saké artisanal moult fois primé.

Menu déjeuner, environ 10 €, tous les jours sauf le jeudi. Kou-1010-1, Umaki, Shodoshima-cho. www.morikuni.jp

Sel artistique au Namihanado Sea Salt

A l’intérieur de ces « ryuka enden », sorte de serre en bois et Plexiglas, est fabriqué le sel marin de l’île.
A l’intérieur de ces « ryuka enden », sorte de serre en bois et Plexiglas, est fabriqué le sel marin de l’île. Sumiyo Ida pour M Le magazine du Monde

Un cube de Plexiglas et de bois brut face à la mer… Non, il ne s’agit pas d’une installation d’art contemporain, mais d’un ryuka enden, sorte de serre saline au cœur du dispositif traditionnel de production de sel. L’eau de mer est pompée jusque dans ces cubes. A l’intérieur, un système ingénieux constitué de filets et de panneaux en métal la fait ruisseler puis s’évaporer. Il ne subsiste alors qu’un sel au goût minéral vendu dans la plupart des boutiques de souvenirs de l’île. Possibilité d’observer les serres depuis la longue promenade face à la mer et de visiter la fabrique sur simple rendez-vous.

Namihanado Sea Salt, 124 Taura, Shodoshima-cho. Tél. : +81 (0879)-82-3665

Y aller

A partir de 970 € l’A/R Paris-CDG – Takamatsu (avec une escale) avec ANA. www.ana.co.jp
Prendre ensuite un ferry jusqu’à l’un des six ports de Shodoshima.

Plus d’informations

Office du tourisme de Setouchi.
setouchitrip.com

Sevin Rey-Sahin

Source : Le Monde.fr

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