Le gouvernement japonais peut être satisfait de la réélection dimanche 23 janvier de Taketoyo Toguchi à la mairie de Nago, dans l’archipel d’Okinawa. Tokyo mise sur ce succès pour reléguer au second plan les controverses autour de la relocalisation vers cette commune des activités de la base américaine des marines de Futenma, aujourd’hui à Ginowan, autre ville d’Okinawa.
Soutenu par la coalition au pouvoir, le Parti libéral-démocrate (PLD) et le Parti Komei, M. Toguchi, 60 ans et ancien assureur, a obtenu près de 20 000 voix, contre 14 400 à son premier opposant, Yohei Kishimoto. A 68,32%, le taux de participation n’a jamais été aussi bas.
M. Kishimoto militait contre le transfert de Futenma, décidé conformément à un accord nippo-américain de 1996 après l’enlèvement et le viol d’une adolescente de 12 ans par trois soldats américains, un drame qui avait bouleversé Okinawa. Il bénéficiait de l’appui de l’opposition et du gouverneur d’Okinawa, Denny Tamaki, connu pour son hostilité aux bases américaines.
M. Kishimoto misait aussi sur le mécontentement envers les militaires américains. Les GI’s arrivés des Etats-Unis sans avoir été testés et non soumis aux stricts contrôles douaniers imposés par le Japon auraient propagé à Okinawa le variant Omicron du Covid-19. L’archipel d’Okinawa subit depuis début janvier une hausse record des contaminations.
« Renforcer l’alliance » avec les Etats-Unis
L’hostilité au transfert de Futenma et aux bases américaines a pourtant été occultée par les préoccupations économiques. M. Toguchi a attribué sa réélection à la politique menée pendant son premier mandat, marqué notamment par la gratuité des crèches et des cantines scolaires. Chaque année depuis sa première élection en 2018, Nago et ses 60 000 habitants perçoivent 1,3 milliard de yens (environ 10 millions d’euros) de subventions.
Le succès de Nago place le premier ministre, Fumio Kishida, en position favorable pour continuer de répéter, comme ses prédécesseurs, que le transfert vers Nago est « la seule solution » pour régler le problème de Futenma, et pour souligner son soutien à l’alliance avec les Etats-Unis. Lors d’un entretien le 21 janvier avec le président américain, Joe Biden, M. Kishida a évoqué sa « détermination à développer les capacités de défense du Japon » et à « renforcer l’alliance » bilatérale, face aux menaces représentées par la Chine et la Corée du Nord. Dans cette perspective, Okinawa, qui concentre 70 % des bases américaines du Japon reste un atout stratégique.
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Source : Le Monde.fr