Le producteur Toshio Suzuki est le cofondateur, en 1985, du studio Ghibli avec les réalisateurs Hayao Miyazaki et Isao Takahata (Le Tombeau des lucioles…), qu’il accompagnait depuis de nombreuses années. L’auteur de Dans le studio Ghibli. Travailler en s’amusant (Kana, 2011), qui dirige aujourd’hui ce haut lieu de l’animation nippone, a produit Le Garçon et le Héron, en salles mercredi 1er novembre.
« Le Garçon et le Héron » est inspiré d’un roman de Genzaburo Yoshino (1899-1981), paru en 1937, qui a beaucoup ému Hayao Miyazaki, le réalisateur y ayant décelé des similitudes avec sa propre vie. Le film, qui est sorti en juillet au Japon, a été un succès, avec 56 millions d’euros de recettes. Comment expliquez-vous cette réussite ?
Le titre japonais est Kimitachi wa do ikiru ka, qui est souvent traduit par « comment vivez-vous ? ». Mais, pour mieux en refléter le sens, il faudrait traduire par « quel genre de personne voulez-vous être ? » ou « comment choisirez-vous de vivre votre vie ? ». Beaucoup de Japonais portent en eux cette question philosophique et s’interrogent sur le sens de leur vie. Le film était intrigant pour eux.
Attendez-vous un sentiment similaire chez les autres publics ?
Je pense que les étrangers partagent les mêmes questionnements. Les Occidentaux vivent dans un monde dominé par le capitalisme, qu’ils considèrent comme une religion. Ils ont perdu le sens de beaucoup de choses et s’interrogent. De ce fait, de nombreuses personnes se posent cette question fondamentale du sens de la vie. Le film n’est absolument pas une leçon de Miyazaki. Il ne dit pas aux gens comment vivre. Il dit : « Voilà, c’est ma vie. Et vous ? Comment choisissez-vous de vivre ? » Son message s’apparente plus à une incitation à s’interroger.
Le film n’a fait l’objet d’aucune publicité ni d’aucune opération promotionnelle. Pourquoi ?
Il y a trop de messages diffusés au quotidien. Au Japon, il y a énormément de blockbusters dont les distributeurs nous bombardent de spots publicitaires. La promotion est excessive. Ça ne marche plus avec les consommateurs. Partant de ce constat, nous avons eu l’idée de ne pas faire de publicité, en misant sur le statut d’Hayao Miyazaki, connu dans le monde entier. Je voulais voir ce qui allait se passer. Au bout du compte, l’absence de promotion a suscité un surcroît d’attention. Il y a eu un public nombreux et des réactions très positives dès le départ. J’ajoute que le choix de ne pas faire de publicité est, quelque part, en lien avec l’histoire du film.
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Source : Le Monde.fr