Les tensions s’intensifient entre le Japon et la Corée du Sud et le président américain peine à jouer les arbitres, au risque de menacer l’équilibre sécuritaire face à la montée en puissance de la Chine et à la Corée du Nord.
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Analyse. « La Corée du Sud et le Japon sont sans cesse en train de se battre. Ils doivent bien s’entendre parce qu’ils nous mettent dans une situation délicate. » Le président américain, Donald Trump, qui s’exprimait le vendredi 9 août depuis la Maison Blanche, va-t-il convaincre Tokyo et Séoul de reprendre langue et de sortir d’une crise profonde que ni la médiation du secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, ni celle de son homologue de la défense, Mark Esper, n’ont su atténuer.
La crise s’envenime depuis la condamnation, en octobre 2018, par la Cour suprême sud-coréenne, d’industriels nippons pour travail forcé pendant la guerre. Le verdict a suscité la colère de Tokyo, pour qui Séoul enfreignait l’accord bilatéral de 1965, censé régler « complètement et définitivement » la question des plaintes pour la période coloniale, entre 1910 et 1945. Depuis, la tension n’a fait que monter, jusqu’à cet été 2019 et l’imposition par Tokyo de sanctions économiques contre Séoul, ciblant le très sensible secteur sud-coréen de l’électronique.
Comme par le passé, mais à une échelle différente, la crise se nourrit des contentieux historiques toujours vifs entre les deux pays. Cette fois, elle survient alors qu’ils sont dirigés par des hommes sensibles, chacun à sa manière – et non sans arrière-pensées électorales –, aux récits historiques et aux idéaux nationalistes.
Au Japon, le premier ministre Shinzo Abe représente une mouvance nationaliste et révisionniste. Depuis son retour au pouvoir en 2012, son gouvernement a gommé ou minimisé dans les livres d’histoire les épisodes les plus sombres de l’histoire du Japon, tel le massacre de Nankin de 1937 ou la tragédie des femmes dites « de réconfort » – des Coréennes, Chinoises ou encore Néerlandaises contraintes de se prostituer pour les soldats de l’armée impériale. M. Abe n’a jamais été enclin à la repentance, même si un certain pragmatisme l’a conduit à se conformer aux « remords » exprimés dans le passé, à l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la guerre, le 15 août 2015.
En Corée du Sud, le président de centre gauche, Moon Jae-in, a lui aussi revu le rapport à l’histoire, dans le sens d’une glorification de la résistance à l’occupant japonais, en profitant du centenaire du mouvement du 1er mars 1919 de mobilisation des Coréens contre le colonisateur. L’anniversaire de ce que l’administration Moon a présenté comme « une révolution » fut célébré de manière spectaculaire par des expositions, films et autres événements publics.
Source : Le Monde.fr
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