S’il fallait sélectionner un projet résumant à la fois l’effervescence internationale autour de l’exploration lunaire et le bouillonnement du new space – expression désignant tout ce secteur privé qui monte à l’assaut du spatial –, la Mission-1 de la société japonaise Ispace constituerait un choix idéal. Qu’on en juge : mercredi 30 novembre, à 8 h 39 GMT (9 h 39 à Paris), une fusée américaine Falcon-9 de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, doit décoller de Cap Canaveral (Floride) pour envoyer sur la Lune l’atterrisseur nippon Hakuto d’Ispace, lui-même porteur d’un minirover des Emirats arabes unis (EAU), équipé de caméras françaises…
Après l’échec de la sonde israélienne Bereshit en 2019, qui s’est écrasée en arrivant sur notre satellite, ce projet japonais prétend au titre de première mission privée à se poser sur la Lune. Il est cependant possible qu’il soit coiffé au poteau par l’atterrisseur Nova-C de la société américaine Intuitive Machines, qui devrait partir en mars 2023 et effectuer le voyage Terre-Lune en seulement six jours. Mission-1, quant à elle, prendra tout son temps en suivant une trajectoire économe en énergie mais longue de quatre mois, qui la fera arriver au début du printemps, soit à peu près au même moment que Nova-C.
On pourrait donc assister à une version spatiale de la course entre le lièvre et la tortue chère à La Fontaine. Dans les deux cas, la phase la plus cruciale sera celle de l’alunissage, manœuvre que, ces dernières années, seuls les Chinois sont parvenus à maîtriser, contrairement aux Israéliens et aux Indiens, dont la mission Chandrayaan-2 s’est, elle aussi, terminée par un crash, en 2019.
Rashid, un poids plume
Si l’atterrisseur Hakuto réussit à se poser sans encombre dans le cratère lunaire Atlas, il libérera ensuite le petit Rashid. Tel est le nom du robot mobile mis au point par l’Agence spatiale des Emirats arabes unis, dont c’est la seconde mission d’exploration du Système solaire, après l’orbiteur Al-Amal (« espoir »), qui tourne autour de Mars depuis 2021 et étudie son atmosphère. Si on le compare à la tonne du rover martien américain Perseverance ou simplement aux 140 kilos des astromobiles lunaires chinoises, Rashid fait figure de poids plume : une dizaine de kilos, 50 centimètres d’envergure et 70 de haut quand son mât est en place. L’objectif consiste principalement à faire la preuve que la technologie fonctionne, les EAU, récents arrivés dans le secteur spatial, étant encore en phase de « rattrapage » vis-à-vis des nations dotées d’une plus grande expérience.
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Source : Le Monde.fr