La petite salle de 192 places est située au 10e étage d’un immeuble de Tokyo. La petite salle de 192 places est située au 10e étage d’un immeuble de Tokyo.

Avec la fermeture, prévue en juillet, d’Iwanami Hall, une page de l’histoire du cinéma au Japon se tourne. Pendant plus d’un demi-siècle, la petite salle de 192 places, au sommet d’un immeuble du quartier de bouquinistes, de grandes librairies et d’universités de Jinbocho, le « Quartier latin de Tokyo », a été une fenêtre sur le monde pour des Japonais qui y découvraient des films venus de tous les pays et ignorés des grands circuits de distribution.

« J’ai été surprise et émue des témoignages de sympathie à la suite de l’annonce de la fermeture d’Iwanami Hall, confie sa directrice, Ritsuko Iwanami. Je savais que nous étions estimés pour avoir présenté des films jusqu’alors inconnus au Japon et amené le public à considérer le cinéma comme un art et non comme un divertissement. Mais je n’étais pas consciente du si grand attachement des cinéphiles à cette salle. » La fermeture d’Iwanami Hall est « un coup de tonnerre dans un ciel bleu », écrit le quotidien Mainichi. Mais aussi un symptôme de la crise du cinéma indépendant.

La pandémie de Covid-19, l’évolution des goûts des jeunes générations et les possibilités d’accès aux films sur des plates-formes comme Netflix, le prix plus élevé de l’achat des droits sur les films ont scellé le sort d’Iwanami Hall – comme celui d’autres petites salles indépendantes appelées miniseata (« mini-théâtres ») qui ne bénéficient d’aucune subvention.

Atmosphère particulière

Longtemps, Iwanami Hall a eu un public fidèle qui ne ratait jamais un nouveau film. La fréquentation de la salle avait son rituel lui donnant une atmosphère particulière : les deux ascenseurs dans lesquels se pressaient une quinzaine de personnes pour atteindre le dixième étage exigeaient d’arriver en avance. Et, après les séances, les files d’attente pour redescendre permettaient aux spectateurs d’échanger des commentaires. La nouvelle génération a perdu l’habitude d’aller au cinéma, et le Covid a dissuadé leurs aînés de s’y rendre.

Reflet d’une époque, cette petite salle aux parois en lattes de bois est liée à l’histoire de l’une des plus prestigieuses maisons d’édition japonaises : Iwanami Shoten. Mais son caractère unique a tenu à la détermination des trois femmes qui ont présidé à sa destinée.

Fondée, en 1913, par Shigeo Iwanami, la maison d’édition qui porte son nom publie de la littérature et des sciences humaines. Plusieurs fois censurée au cours de la période militariste, elle publie aussi la revue Sekai (« le monde ») qui, comparée parfois aux Temps modernes, exerça après-guerre une grande influence sur les milieux intellectuels par son indépendance et sa critique du pouvoir.

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Source : Le Monde.fr

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